La terreur des dernières semaines est plus que je n'en peux supporter. Mais je pense qu'en écrivant ce que j'ai vu, je pourrai trouver quelque réconfort. C'est le seul que je puisse espérer en ces temps obscurs.
Tout a commencé avec la découverte de cette maudite faux au Destin de Roland. Avant la faux, il n'y avait rien de plus terrible ici que dans la vallée de Comté-du-nord.
Mais depuis que j'ai trouvé la hampe de la faux dans un tas de déchets de la mine et que, malédiction sur moi, je l'en ai extirpée, le Destin de Roland est devenu un lieu de mort impie !
Après l'exhumation de la Faux, ils ont surgi de partout, sortant de trous à nos pieds, tombant d'escarpements au-dessus de nos têtes. La moitié de nos hommes sont tombés dans ces premières minutes de panique. Les autres ont essayé de fuir. Moi aussi. Tout en courant, j'ai vu nombre de nos frères se faire déchiqueter, et j'ai entendu bien des cris sombrer dans le silence après un hoquet.
J'ignore comment j'ai survécu cette nuit-là. J'ai toujours été prudent, toujours rapide à fuir les plaies et les bosses. On me traite de froussard depuis toujours. C'est peut-être ce fort instinct de conservation qui m'a sauvé...
Ou peut-être est-ce la Hampe que j'ai arrachée aux décombres. Ce ne peut être la Faux elle-même, je l'ai perdue dans ma course éperdue. Mais si c'est moi qui ai ramené les worgens dans le bois de la Pénombre, peut-être m'ont-ils fait la grâce de me laisser survivre. Qu'ils soient maudits !
Après avoir fui le Destin de Roland, je me suis caché dans une grange appartenant à un homme du nom de Sven. J'ai passé quelques jours dans la grange et une telle horreur me possédait que je n'ai jamais signalé ma présence à Sven ni à sa famille. Mais de ce que j'ai vu depuis ma cachette, j'ai compris que ces fermiers étaient d'honnêtes gens. Si j'étais sorti de mon recoin, je crois qu'ils m'auraient offert l'hospitalité, mais je ne suis pas d'un naturel confiant. Surtout depuis ce choc dans la mine.